Dans la continuité de notre série d’articles dédiée à celles et ceux qui se lancent dans l’aventure d’ouvrir leur propre studio, nous abordons aujourd’hui un sujet aussi indispensable qu’ardu : les KPI, ou indicateurs clés de performance.
Trop souvent perçus comme des chiffres complexes réservés aux experts, les KPI sont en réalité de précieux alliés au quotidien. Lorsqu’ils sont bien choisis et suivis avec méthode, ils permettent de mesurer ce qui fonctionne, d’anticiper ce qui coince et d’orienter les décisions stratégiques.
Mais quels KPI suivre quand on ouvre son studio ? À quelle fréquence les analyser ? Et surtout, comment les interpréter sans tomber dans des pièges courants ?
Pour répondre à ces questions, nous avons interviewé François, team leader de l’équipe Customer Success France chez bsport. Fort de son expérience auprès de centaines de studios indépendants, il nous partage sa vision des KPI : ni une science exacte, ni une formalité administrative — mais une boussole, à condition de savoir la lire.
Quels sont les KPI à suivre en priorité quand on ouvre un studio ?
Lors de l’ouverture d’un studio, l’enjeu principal est de tester rapidement la traction du concept sur le marché cible. Il s’agit de mesurer l’efficacité des premières actions d’acquisition, de capter les signaux faibles ou forts d’intérêt client et d’identifier les ajustements nécessaires. Les indicateurs clés de performance (KPI) doivent donc être choisis pour répondre à une double question : est-ce que l’offre attire ? et est-ce que l’expérience convertit ?
Nombre de ventes
C’est l’indicateur le plus direct de l’attractivité commerciale. Un volume important de ventes en lancement (notamment d’offres découverte) montre une première adhésion au positionnement et à la promesse de valeur du studio.
- À analyser par type d’offre : les clients s’orientent-ils vers des achats ponctuels ou montrent-ils une intention de s’engager (cartes ou abonnements) ?
- Peut indiquer une bonne adéquation entre le pricing et les attentes du marché local.
Nombre de réservations
Au-delà des ventes, c’est le passage à l’action qui compte. Un client peut acheter un pack… sans jamais réserver.
- Le taux de réservation permet d’évaluer l’engagement réel.
- Analyse à croiser avec les créneaux horaires pour identifier les pics de demande.
Taux de conversion entre offre découverte et inscription (carte ou abonnement)
C’est un indicateur de product-market fit initial : l’offre découverte remplit-elle son rôle de tremplin vers une inscription plus durable ?
- Un taux élevé indique que l’expérience vécue lors des premières séances est convaincante.
- Un taux faible invite à investiguer l’expérience client (qualité de l’accueil, des profs, du lieu, etc.).
Taux d’annulation
Un taux d’annulation élevé peut refléter :
- une friction dans le parcours client (planning inadapté, attente trop longue),
- un manque d’engagement (offre découverte peu engageante, expérience mitigée),
- ou encore des problèmes logistiques (accessibilité, communication, etc.).
C’est un indicateur de friction ou d’insatisfaction potentielle.
Plages horaires les plus réservées
Identifier les créneaux qui performent le mieux est essentiel pour :
- ajuster le planning en fonction de la demande réelle,
- optimiser les ressources (staff, profs, équipements),
- repérer les créneaux sous-performants à retravailler (offre dédiée, promo, etc.).
Professeurs les plus populaires
Un bon studio repose en grande partie sur la qualité de son équipe pédagogique. Suivre la popularité des professeurs permet de :
- comprendre ce qui crée l’engagement (personnalité, style, intensité, ambiance…),
- ajuster les plannings pour capitaliser sur les profils les plus demandés,
- détecter des écarts de performance pouvant être liés à des besoins de formation ou de repositionnement.
Ces données permettent d’identifier rapidement les premiers signaux forts (ce qui attire les clients) et les potentiels points d’ajustement (ce qui ne fonctionne pas encore).
Comment différencier les KPI essentiels au lancement, puis ceux essentiels à la croissance ?
Comme le résume François : "Au lancement, on cherche à faire venir les gens au moins une fois. En phase de croissance, l’objectif est d’étendre sa notoriété et de fidéliser ceux qui sont déjà venus."
Cette distinction illustre bien que les indicateurs de performance évoluent au rythme de la maturité du studio : on ne pilote pas une phase de validation comme on pilote une phase de consolidation.
Phase de lancement : capter l’attention, générer le trafic et déclencher l’essai
L’objectif ici est simple mais stratégique : créer un premier flux d’utilisateurs et obtenir des retours terrain sur l’expérience proposée. On mesure donc l’efficacité des canaux d’acquisition et des leviers incitatifs :
- Nombre de nouveaux clients: c’est le volume brut de personnes convaincues par la promesse initiale. Il est important de segmenter par canal d’acquisition pour évaluer l'efficacité des actions marketing (réseaux sociaux, bouche-à-oreille, partenariats…).
- Succès des offres découvertes : taux d’activation des offres d’essai ou packs d’introduction : est-ce que ces leviers jouent bien leur rôle de porte d’entrée ? Il peut aussi se décliner par typologie d’offre ou profil client (ex. : femme active, étudiant, sportif du week-end…).
- Utilisation des codes promo : un indicateur à la fois d’attractivité et d’activation des actions marketing ciblées. Cela permet de tracker la performance d’une campagne spécifique ou d’un canal (ex : influence, email, flyer…).
- Nombre de leads générés (site web, marketplaces, widget bsport) : combien de visiteurs ont franchi une première étape (formulaire, création de compte, prise de contact) ? C’est particulièrement utile pour anticiper les conversions à court/moyen terme et ajuster les messages d’acquisition.
Phase de croissance : construire la fidélité, stabiliser les revenus et activer la recommandation
Une fois les premiers clients conquis, l’enjeu bascule vers la pérennisation du modèle. Il s’agit de maximiser la valeur de chaque client acquis, tout en optimisant les opérations :
- Taux de rétention : indique la capacité du studio à faire revenir ses clients dans la durée. Plus il est élevé, plus l’expérience répond aux attentes (qualité des cours, relation client, ambiance…) et peut s’analyser à 30, 60 et 90 jours après la première visite.
- Taux de conversion vers un abonnement : mesure l’efficacité du tunnel de fidélisation. Un fort taux de conversion est le signe que l’expérience est suffisamment engageante pour justifier un engagement régulier.
- Durée de vie client (Customer Lifetime Value – LTV) : c’est la valeur moyenne qu’un client rapporte sur l’ensemble de sa relation avec le studio.
- Revenus récurrents mensuels (MRR) : indicateur de prévisibilité et de stabilité du chiffre d’affaires. Il est fondamental pour piloter les investissements et anticiper la croissance.
Comment choisir ses KPI quand on débute ?
Pas de recette unique. "Tout dépend de la stratégie du studio", explique François. L’essentiel est de faire coïncider les KPI avec ses objectifs.
Par exemple :
- Un studio premium privilégiera les retours qualitatifs (via des questionnaires) sur certains aspects (widget intégré, spot scheduling etc.), les taux de satisfaction ou encore le taux de remplissage sur des créneaux ciblés.
- Un studio en quête de volume regardera plutôt le nombre de bookings, les ventes en ligne, les promotions utilisées ou les canaux d’acquisition les plus performants (ex. marketplaces).
À quelle fréquence un studio devrait-il analyser ses KPI ?
Sauf cas particulier, inutile d’ouvrir ses rapports tous les matins. "L’effet des actions marketing ou des changements de grille ne se mesure pas à 24h", rappelle François.
Une analyse mensuelle (ou trimestrielle dans certains cas) est plus adaptée. Cela permet de détecter des tendances sans se laisser piéger par des variations ponctuelles.
Quels signaux d’alerte un studio peut-il détecter grâce à ses KPI ?
Le suivi rigoureux des indicateurs de performance n’a de valeur que s’il conduit à des actions concrètes et ciblées. Certains signaux doivent immédiatement attirer l’attention du ou de la gérante du studio, car ils révèlent des déséquilibres ou des leviers d’optimisation. C’est dans cette logique que les KPI deviennent des outils d’aide à la décision au quotidien.
Des créneaux désertés… ou systématiquement complets
Un taux de remplissage trop faible sur certains horaires indique une inadéquation entre l’offre et la demande. Ces créneaux peu fréquentés peuvent pénaliser la rentabilité et alourdir les coûts fixes. À l’inverse, des créneaux systématiquement complets peuvent frustrer les clients réguliers et freiner la croissance par manque de capacité.
Action : Réallouer les créneaux en fonction des pics de fréquentation, tester d’autres formats ou horaires, ou envisager une montée en puissance progressive (plus de cours, plus de professeurs).
Des offres qui ne trouvent pas leur public
Un pack, une carte ou une formule qui se vend mal malgré une bonne visibilité peut traduire un manque de clarté dans le positionnement (prix, contenu, durée, conditions d’utilisation).
Action : Revoir la tarification, simplifier l’offre, renforcer la communication sur la valeur perçue ou tout simplement supprimer ce produit pour ne pas brouiller la lisibilité globale.
Une baisse progressive des réservations
Un recul du nombre de bookings peut avoir plusieurs causes : effet de saisonnalité, perte d’intérêt, baisse de la visibilité ou décrochage dans la relation client. Ce signal d’alerte doit déclencher une analyse multifactorielle.
Action : Auditer les canaux de communication (email, réseaux sociaux, Google…), relancer les inactifs, rebooster les offres en place ou initier une campagne de notoriété.
Un professeur dont les cours se remplissent moins
Lorsque les performances d’un professeur s’érodent, il peut s’agir d’un problème d’engagement, de pédagogie ou de compatibilité avec la clientèle cible. Le diagnostic doit rester bienveillant mais factuel.
Action : Organiser un point de feedback, proposer une formation ou une observation croisée, tester le repositionnement sur d’autres créneaux… voire envisager un remplacement si les écarts persistent.
Des formules très populaires… mais peu rentables
Un pass ou une carte qui se vend bien mais génère un revenu horaire faible peut nuire à la santé financière du studio. Il faut alors croiser le taux d’utilisation avec le coût moyen par session , incluant la rémunération des professeurs, les charges fixes et variables.
Action : Revaloriser le tarif, ajuster les conditions (nombre de crédits, durée de validité) ou proposer des alternatives à plus forte marge.
Quelles sont les erreurs les plus courantes dans la lecture ou l’interprétation des données ?
"Le plus grand piège, c’est de tirer une conclusion trop vite", alerte François. Isoler un chiffre sans contexte (ex. une baisse soudaine des réservations) peut conduire à des décisions hâtives, voire contre-productives.
Il faut au contraire :
- Croiser plusieurs indicateurs pour confirmer une tendance,
- Tenir compte des facteurs externes (vacances scolaires, météo, communication récente…),
- Et surtout ne pas paniquer devant une variation ponctuelle.
Quels KPI nos utilisateurs sous-estiment souvent ?
Un indicateur souvent négligé — mais pourtant essentiel — est l’âge moyen de la clientèle. Ce KPI ne se limite pas à une donnée démographique : il conditionne directement les stratégies d’engagement et de communication à privilégier.
Par exemple, une clientèle majoritairement jeune (20–35 ans) sera plus réactive aux notifications push via l’application mobile, aux contenus courts et dynamiques sur les réseaux sociaux, et aux parcours de réservation fluides et mobiles.
À l’inverse, une clientèle plus âgée (45 ans et plus) aura souvent des comportements numériques plus traditionnels : usage préférentiel de l’ordinateur, lecture plus attentive des e-mails, besoin de clarté et de réassurance.
Action : Suivre et croiser ce KPI avec les usages digitaux observés (taux d’ouverture des emails, taux d’activation de l’app mobile, canal de réservation privilégié) permet de segmenter intelligemment sa communication et de maximiser l’adoption.
En résumé : des KPI au service de la stratégie
Suivre les bons KPI au bon moment, c’est maximiser les chances de réussite de son studio. En phase de lancement, l’attention doit se porter sur les signaux d’acquisition : nombre de clients, réservations, efficacité des offres découvertes. En phase de croissance, on bascule vers des indicateurs de rétention, de valeur client et de revenus récurrents.
Les KPI deviennent ainsi des outils de pilotage stratégique, capables de déclencher des décisions concrètes sur le planning, les offres ou même la communication. Trop souvent, certains indicateurs comme l’âge moyen des clients sont sous-estimés, alors qu’ils devraient guider le choix des canaux de communication et le ton à adopter.
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